☾ Après ce nouveau diplôme j’ai succédé les places de serveurs puis de cuisto dans divers restaurants, gagnant en expérience et mettant de l’argent de côté. J’ai emménagé avec ma meilleure amie, rencontrée pendant mon temps à l’université. Elle était celle dont j’avais quotidiennement besoin. Notre complicité s’était développée au fils des années et je ne pouvais me lasser d’elle, tout simplement. Elle était, en dehors de mes sœurs, celle qui me comprenait le mieux, sur qui je pouvais me reposer, à qui je pouvais raconter les pires vannes, j’en passe et des meilleures. Ce serait même mentir de ne pas dire que quelques journées loin d’elle me faisaient du bien. Au contraire. C’était ma bouffée d’oxygène. Et si ce besoin était d’abord justifié par notre amitié incroyable, au fils du temps j’ai fini par arrêter de me voiler la face. Je l’aimais. Et je l’aimais comme un fou.

☾ C’est là que j’ai fait la moitié d’une connerie. Connerie parce que je m’en suis voulu par rapport à elle, même si elle n’allait jamais savoir cette haine envers moi-même et qu’elle ne le devait pas. Mais pas une connerie parce qu’elle marquait le tournant le plus magique dans ma vie. Un renouveau, une nouvelle promesse, une chance. Irresponsable que je fus cette soirée-là, j’ai conçu un enfant avec une bonne amie. Mettant de côté mes sentiments pour ma meilleure amie, je ne pouvais nier l’attirance de la mère de mon futur enfant, et cette attirance était réciproque. Sans parler du fait que oui, nous étions amis. Nous pouvions donc songer à offrir une vie à ce petit être. Pour moi, tout était clair. C’était un cadeau, une chose inattendue mais choyée dès l’annonce de la nouvelle. Seulement à l’accouchement, la mère ne se sentant pas prête le moins du monde, a paniqué et m’a laissé l’enfant. Me voilà donc papa. Et Elias a maintenant deux ans.

☾ Aujourd’hui ? Ma vie me plait. Après avoir eu assez d’économies j’ai décidé d’ouvrir mon propre restaurant, et c’est une vraie réussite, ce que je n’aurais pas cru. Je vis toujours avec ma meilleure amie. Lorsque j’ai eu Elias, je suis retourné quelques temps chez ma mère pour ne pas l’embêter avec un nourrisson. Mais il ne fallait pas nous voiler la face, on se manquait. Alors j’ai fini par revenir. Peut-être que la seule ombre sur mon tableau à présent et de ne pas l’avoir pour compagne…