I JUST WANT TO HAVE A NORMAL CHILDHOOD.
« Papa, papa. Pourquoi maman elle est méchante avec moi ? » La fillette se réfugia dans les bras de son père après une énième dispute avec sa mère et celui-ci la souleva de terre et s’installa sur le canapé, la rouquine sur les genoux. « Maman est malade ma puce et … Elle ne sait pas vraiment comment se contrôler. C’est compliqué trésor. Je sais que c’est dur pour toi. » Fauve avait du mal à comprendre en quoi c’était compliqué mais elle acquiesça et haussa les épaules : « Je ne veux plus la voir. Je n’aime que toi. » « Dis pas ça ma puce, ta maman t’aime malgré tout et … Ca va s’arranger, je te le promets. » Il déposa un baiser sur le front de sa fille et elle soupira doucement en se blottissant contre lui : « J’espère papa. » Du haut de ses 6 ans, elle savait que les choses n’étaient pas comme elles auraient dues être. Elle voyait à l’école des enfants heureux, choyés par leur mère, leur père. Elle entendait des rires quand ils racontaient leurs week-ends, les yeux émerveillés en repensant aux sorties qu’ils avaient faits, au dernier film vu avec leurs parents. Ou certains étaient des enfants de divorcés, mais ils le vivaient bien. Ils avaient toujours plein d’aventures à raconter lorsqu’ils étaient chez leur père, au lieu de leur mère. Elle avait l’impression d’être toute seule, la seule malheureuse. La seule petite fille qui n’était pas aimée par sa mère. Peut-être exagérait-elle mais de son jeune âge, elle avait l’impression que jamais, elle ne serait aimée par sa mère et que son père était trop occupé à s’occuper de sa mère pour se consacrer pleinement à sa petite fille, si demandeuse d’attention. « Est-ce que demain je pourrais aller chez Eden ? » Son regard se fit suppliant et son père sourit en hochant la tête : « Bien sûr chérie. Si tu veux, tu peux même aller dormir là-bas ce soir et je viendrais te chercher demain soir ? Ça te plairait ? » La seule chose que la petite fille appréciait chez cette mère irritable était sa famille. Son oncle, Peter, frère de sa mère mais tellement différent d’elle. Sa tante, Olga et sa cousine, Eden. Les deux avaient quasi le même âge et elles s’entendaient à merveille. Elles se considéraient presque comme des sœurs et s’adoraient. « Oh oui ! Merci papa. Je vais vite préparer mon sac ! » Et la tornade rousse fila dans sa chambre, impatiente déjà à l’idée d’être loin de chez elle et de sa mère. Au moins, lundi, à l’école, elle aussi aurait des choses à raconter. Elle revint dans le salon quelques minutes plus tard après avoir enfourné dans son sac son pyjama rose et son doudou ainsi que des vêtements pour demain. Fauve avait eu l’habitude très tôt de se débrouiller toute seule. Sa mère n’était que trop peu présente pour elle. Bien souvent, elle restait allongée dans son lit, toute seule et quand elle sortait, c’était pour critiquer ou crier. Du coup, la rouquine était bien heureuse de la voir rester au lit. « Je suis prête, papa. On peut y aller ! » Il sourit et il la prit dans ses bras, son sac à la main et ils sortirent de la maison.

Quelques heures plus tard, la rouquine était installée sur le lit de sa cousine et s’amusait distraitement avec une peluche qui traînait. « Ta mère ne va pas mieux ? » Eden savait très bien ce qu’il se passait avec sa mère parce qu’en plus d’en entendre parler par son père, Fauve lui racontait ses nombreuses crises régulièrement. Elle haussa les épaules et soupira doucement : « Non .. C’est de pire en pire, je crois. J’ai entendu papa parler d’une maison pour se reposer où elle pourrait aller. J’aimerais bien qu’elle y aille. Qu’elle aille mieux. En fait, je voudrais juste pouvoir être une enfant normale. Qui n’ait pas à vivre dans la peur tout le temps. J’en ai marre, elle crie tout le temps, elle me frappe des fois. Pas fort mais … Elle me fait peur. Et je crois que je la déteste. » Sa cousine esquissa une moue compatissante et grimpa sur le lit : « Pour te changer les idées, on va regarder un dessin animé, j’ai un nouveau film. Tu vas voir ! » Fauve sourit à sa cousine. Au moins, ici, elle se sentait bien. Parfois, elle aurait juste aimé être à la place de sa cousine. Tout semblait tellement plus facile vu de son côté.

EVERYTHING WILL BE FINE.

" Merci de m'accueillir ici." Son oncle s'approcha d'elle et lui sourit, en tapotant sa joue : " On est là pour ça, Fauve. On est une famille. On ne lâche pas sa famille." Elle entendit le pas léger de sa cousine descendre l'escalier et bientôt, Eden fut devant elle, un sourire sur les lèvres : " Bienvenue Fauve. Viens, je vais te montrer ta chambre. C'est moi qui l'ai décoré." La jeune fille, âgée de 16 ans, attrapa la main de sa cousine et l'attira à sa suite dans l'escalier. Elles passèrent devant sa chambre que Fauve connaissait aussi bien que la sienne et finirent par arriver dans une pièce au fond du couloir : " Et voilà ! " Fièrement, Eden ouvrit la porte et désigna la pièce de la main : " Alors, tu trouves comment ? " Elles pénétrèrent dans la pièce et Fauve jeta un coup d'oeil. Peinte en violet lilas, la chambre était lumineuse et bien décorée. Quelques tableaux avec des fleurs roses, un grand miroir, un bureau, un lit deux places. La rousse sourit et hocha la tête : " J'adore ! Merci Eden, c'est parfait. Tu as fait un boulot formidable. Je vais me sentir comme une princesse ici." Elle sourit et se laissa choir sur le lit, suivie de sa cousine. " C'est le but Fauve." Eden lui sourit et lui attrapa la main :  " Ce que tu vis .. Je n'ose même pas l'imaginer et je .. Je savais pas réellement comment être là pour toi, comment te soutenir et je me suis dit que cette chambre serait un bon moyen de commencer." Fauve hocha la tête et sourit : " Tu as raison." Elle se leva et remercia son oncle qui venait de lui monter ses deux valises : " Vous rangez un peu les filles et on va manger ? " " Oui papa." Elles ouvrirent les valises et Fauve sortit une photo de son père et elle qu'elle posa sur le bureau avant de soupirer doucement. " Il te manque ? " Fauve hocha doucement la tête et haussa les épaules : " Enormément. J'ai encore du mal à croire qu'il n'est plus là. Qu'il ne sera plus jamais là pour me serrer dans ses bras, pour me dire qu'il m'aime. Je me retrouve toute seule, sans lui. Maman est .. Enfin, tu sais comment elle est. Il y a peu de chances qu'elle quitte la clinique un jour." Eden soupira et hocha la tête : " Je sais, papa a été la voir et ... Elle va pas très bien." Sa mère était dans en hôpital psychiatrique depuis presque 4 ans maintenant et son père venait de mourir d'un cancer des poumons. Elle était seule au monde. Sans son oncle et sa tante, elle n'aurait plus personne. " Oui ... Je ne sais pas si elle va s'en sortir. Enfin ... Bon, on range nos affaires ? Après, on peut aller se baigner un peu ? " Fauve avait juste envie qu'on ne lui parle plus de ses parents, qu'elle puisse oublier. Eden hocha la tête : " Bien sûr." Les deux filles rangèrent consciencieusement les affaires de Fauve dans la grande armoire mise à sa disposition. " Je crois que cette petite robe, tu vas me la prêter, elle est sublime." " Si tu veux. Mais tu me prêteras ton joli bracelet en or ? " Les deux filles sourirent, complices. Au moins, Fauve était heureuse d'avoir sa cousine. Les deux étaient tellement proches qu'elle avait l'impression parfois qu'elles étaient soeurs. " Merci Eden. D'être toujours là pour moi." Eden attrapa sa main et sourit : " C'est normal. Allez, tiens, attrape ton maillot et enfile-le. Après manger, on se fait journée farniente à la piscine." Elle sourit et fila à la salle de bains pour se changer avant de retrouver sa cousine en bas. Une nouvelle vie commençait pour elle et elle se devait d'être forte. Pour son père qui la regardait de là-haut, pour son oncle et sa tante, toujours là pour elle. Pour sa mère aussi, même si Fauve faisait tout pour la voir le moins possible. Elle n'en parlait jamais mais elle craignait de se voir devenir comme elle.

EVERYTHING FOR LOVE.
" Tu vas vraiment partir Fauve ? " Eden lança un regard perplexe à Fauve, occupée à préparer son sac. La rousse hocha la tête, un sourire sur les lèvres. " Niklas a trouvé un boulot de mannequin à Copenhague. Il veut que je parte avec lui." Eden secoua doucement la tête : " Mais tu vas faire quoi là-bas ? Et en plus, Niklas est pas vraiment un gars très bien, Fauve. Tu sais très bien que papa l'aime pas." " Eden, j'adore ton père, vraiment. Mais, ce n'est pas mon père. Il peut pas m'empêcher de partir, de faire ma vie. J'aime Niklas, je suis bien avec lui. Il me rendra heureuse, j'en suis persuadée. Puis, ici ... Rien ne me retient. Tu viendras me voir là-bas, hein ? T'en fais pas, je t’appellerais tous les jours." Eden soupira et haussa les épaules : " Bien sûr que je viendrais te voir ! Mais c'est pas pour autant que je suis d'accord avec ce départ." Fauve laissa échapper un petit rire : " Je sais cousinette. Et tes parents m"ont bien fait comprendre qu'eux non plus, t'en fais pas. Mais je suis sûre que tout va bien se passer. En plus, je peux continuer de suivre mes cours d'art à l'université de Coenhague. Ne t'en fais pas, je vais pas finir inculte." Elle fit un petit clin d'oeil et fourra le reste de ses affaires dans son sac et la photo de son père et elle avant de le fermer. " Niklas m'attend." Elle sentit son coeur se serrer néanmoins à l'idée de quitter sa cousine. Elle avait 22 ans et elle avait vécu ici depuis tellement d'années que c'était comme sa soeur, comme ses parents. " Tu vas me manquer." " Toi aussi. Je t'aime, Fauve." Elles se serrèrent fort dans les bras l'une de l'autre et la rousse descendit les escaliers, suivie de sa cousine. Elle fit un dernier baiser à sa tante et son oncle : " Merci pour tout. Je vous écrirais quand je serais là-bas." Son oncle grimaça mais haussa les épaules et la laissa partir.

Elle grimpa dans la voiture de son petit ami et embrassa le jeune homme. " Ca y est, Niklas. La vie nous attend." Ils étaient ensemble depuis seulement six mois mais la jeune femme croyait en leur amour plus que tout. " Tu verras baby, je vais te rendre heureuse. On va être bien là-bas." " J'en doute pas un seul instant, je te fais confiance." Elle alluma la radio et se laissa porter par un son des Beatles qui sonnait le début de leur nouvelle vie à deux. Loin d'ici, loin de son passé. Elle était persuadée que la vie qui l'attendait à Copenhague serait douce, agréable. Elle était avec Niklas et plus rien ne lui faisait peur. Elle savait qu'elle serait heureuse et cela valait la peine de  tout tenter. Elle adressa un dernier signe de la main à sa famille qui la guettait sur le pas de la porte. Ils allaient terriblement lui manquer. Et elle n'avait même pas été dire au revoir à sa mère. D'ailleurs, depuis combien de temps ne l'avait-elle pas vu ? Elle ne supportait plus de la voir, toujours abrutie par les cachets. Elle ne supportait plus l'odeur de l'hôpital, les regards des fous posés sur elle. Et encore moins, les regards de sa mère qui semblaient parfois ne plus comprendre qui elle était. C'était horrible. Les cachets, sa maladie l'avait détruite et elle avait l'impression de ne plus avoir de mère. " J'ai hâte qu'on soit enfin là-bas, chéri." " On y sera vite." Il attrapa sa main et déposa un baiser dessus avant de la reposer en souriant. Oui, ils y seraient vite et ils seraient heureux. Un conte de fées moderne.

BECAUSE LOVE IS NOT A FAIRYTALE.

" Je ne veux plus jamais te voir. Jamais." La rousse fourra ses affaires dans son sac tandis que Niklas se rapprocha doucement d'elle : " Chérie, s'il te plaît. Je te promets que ça n'arrivera plus." Il posa sa main sur son bras mais elle se dégagea brusquement : " Tu me fais toujours des promesses inutiles. Tu avais dit ça les deux dernières fois et aussi pour cette fille. Et pourtant, ça ne t'empêche pas de recommencer." Elle ferma son sac et elle l'empoigna : " Je pars Niklas, c'est fini entre nous cette fois. Pour de bon. Je ne retomberai plus dans tes bras, c'est fini." Elle quitta la chambre tandis qu'il lui attrapait le bras avec force : " Tu peux pas me quitter Fauve, tu as pas le droit. On est fait l'un pour l'autre, tu peux pas partir." " Lâche moi. Lâche moi Niklas." Elle se dégagea une fois de plus de l'étreinte du jeune homme mais rapidement, elle se retrouva à terre, assommée par un coup qu'il venait de lui mettre. Une fois de plus, il continuait de résoudre ces problèmes par la violence. Près de cinq ans qu'ils vivaient ensemble, qu'ils s'aimaient mais depuis plus d'un an, leur relation n'était plus que cris, coups et larmes. Le jeune homme l'avait trompée à plusieurs reprises lors de leur 2ème et 4ème année et même si elle lui avait pardonnée, une partie d'elle refusait de lui refaire confiance. Alors, les disputes s'enchaînaient et il avait commencé à boire et à la frapper. Puis, à chaque fois, il revenait, honteux, attentionné, plein de promesses qu'elle voulait croire. Mais cette fois, elle ne voulait plus y croire. Elle devait partir. Elle devait le quitter. " Tu ne me retiendras plus Niklas, c'est fini." Elle se releva doucement et empoigna son sac avant de quitter leur chambre, presque en courant. Le jeune homme était à terre, la tête dans les mains et elle hésita un instant, presque décidée à aller le voir mais sa détermination fut plus forte. Elle claqua la porte de leur appartement en se promettant de ne plus jamais y remettre les pieds.


Quelques heures plus tard.

" Eden ! Merci d'être venue me chercher." Elle s'étira paresseusement engourdie par les quelques heures d'avion qu'elle venait de faire. Odense, welcome back. " C'est normal, je suis tellement contente de te revoir. Dis moi que cette fois, tu restes plus que 4 jours ! " Fauve esquissa un petit sourire et hocha la tête : " Niklas et moi, c'est fini. Je suis de retour pour de bon." Eden esquissa une moue perplexe : " Mais pourquoi ? Je .. " " Eden, pas maintenant s'il te plaît. Je te raconterais tout en temps voulu, promis mais ... Pas maintenant." Son visage était tiré et elle était lasse. Elle voulait juste se reposer un peu et oublier. " Je t'ai préparé la chambre d'amis. Tu vas pouvoir enfin connaître un peu mieux mon mari. Tu ne l'as vu qu'en coup de vent à chaque fois." Fauve hocha la tête : " Oui. Mais ne t'en fais pas, je ne squatterai pas longtemps. Je vais me chercher un petit appartement dès que j'aurais du boulot." Elle attrapa le bras de sa cousine et elles sortirent de l'aéroport. Elle allait enfin pouvoir retrouver une vie normale, douce.

I JUST KNOW YOU BUT I KNOW I'M FALLING IN LOVE.

" Fauve, tu as encore oublié de faire tourner la machine. C'était ton tour." La rousse soupira et leva la tête du livre qu'elle lisait. " Désolée. J'avais d'autres choses en tête. Et tu remarqueras que j'ai fait les courses. Et je t'ai même acheté du beurre de cacahouètes." Elle esquissa une petite moue contrite et Andrea lâcha un sourire en haussant les épaules. " Tu commences à trop bien me connaître, Fauve. C'est pas bon tout ça." Elle sourit à son colocataire et haussa les épaules. Ils vivaient ensemble depuis 6 mois. Elle était revenue à Melbourne il y a un peu moins d'un an et elle avait rapidement trouvé un travail en tant que conservatrice dans un musée. Mais malheureusement, pour pouvoir trouver un appartement sympa, elle avait du accepter la colocation. Et bizarrement, elle s'était retrouvée avec cet homme. Un peu plus vieux qu'elle, coincé, trop sérieux, divorcé, froid, et pourtant elle le trouvait plus que charmant. Il était tout ce qu'elle détestait et il ne la supportait pas. Il la trouvait puérile, immature, insouciante, désordonnée. Les disputes étaient fréquentes mais au final, ils s'appréciaient. Et surtout, la rousse commençait à se rendre compte qu'elle n'avait plus envie de voir le jeune homme s'en aller. " Je sais comment t'attendrir, c'est tout." Elle lui sourit et elle se leva, posant son bouquin sur le canapé. " Bon allez, on sort." " Quoi ? Mais ou ? Je sors pas moi, je bosse demain et .." " Moi aussi je bosse mais je m'en fous. Allez, s'il te plaît, je veux aller au cinéma. Ou faire un tour au Marché de Noël. Choisis." Il soupira mais finit par abdiquer : " Bon ok. Marché de Noël et petit restaurant alors. Et après, on rentre se coucher." Elle poussa un petit cri : " Super, je file m'habiller." Elle se dépêcha d'aller dans sa chambre et ôta le jogging confortable qu'elle portait pour cocooner avant d'enfiler un jean et un pull avec sa doudoune. Elle retrouva son colocataire dans le salon, prêt à partir et elle lui prit le bras : " Allons-y ! " Il lui sourit et ils quittèrent l'appartement. Fauve aimait cette nouvelle vie. Bien sûr, elle repensait souvent à Niklas, et plus que tout, elle redoutait sa venue. Il lui avait longtemps envoyé des sms, laissé des messages vocaux mais elle avait changé de numéro pour ne plus avoir à subir ça. Aujourd'hui, elle voulait juste vivre heureuse. Et sereine.