Je m'essuie le front d'un geste las, chassant les dernières traces de sueur fantôme de mon front. Le soleil m'éclate sur la peau tandis que je retire ma blouse et jette le T-shirt taché de sang. Torse nu, mes vêtements de rechange à la main, je m'approche de la fenêtre du vestiaire pour regarder dehors. Le temps est superbe, l'extérieur m'appelle et résonne dans mes os.
Je me dépêche de me changer. Je referme d'un coup sec la portière de mon casier et sors du vestiaire. En traversant l'hôpital, je salue mes collègues d'un sourire chaleureux et échange quelques mots avec certains avant de sortir.
Enfin dehors, je laisse l'air m'envahir tout entier et savoure la caresse du vent extérieur. Les images de ma dernière opération encore plein la tête, je savoure la fin de ma journée de travail. Inévitablement, en sentant le soleil réchauffait ma peau, mes pensées me ramène sur elle.
C'est fou tout de même. Depuis cet épisode, je n'arrête pas de penser à cette femme. Elle hante mes pensées jour et nuit, venant même parfois interrompre mes réflexions en pleine intervention. Je suis accro. C'est tellement fou. Je ne la connais même pas. Je l'ai juste aidé une fois et depuis...
Je marche d'un bon pas. Les jours aussi beaux, je viens au travail à pied. Je ne suis pas à côté mais marcher ne fait pas de mal et ça aide à calmer mes nerfs. Mes périodes de colère sont moins intense lorsque je marche. Passer du temps en plein air est bon pour la régulation du comportement.
Hum, voilà que je résonne comme un neurochirurgien. Je souris seul de ma réflexion mental.
Lorsque j'entre dans la rue, je le reconnais tout de suite. C'est ici. Bien malgré moi, mes pas ralentissent lorsque j'approche de la maison et je ne peux m'empêcher de m'arrêter à quelques pas du portillon d'entrée. Mes yeux se fixent sur la porte d'entrée. Elle est fermée. Les souvenirs de cette journée me reviennent en vague, comme souvent. Je serre les poings d'amertume contenue à ces images du passé. Je la revoie encore couchée sur le sol, la respiration difficile, les marques de sa dernière agression bien visible. Ma vision se brouille alors que mes souvenirs me ramènent encore plus loin, dans un passé que j'essai d'oublier, dans une autre vie...
Je me reprends. Je n'aime pas penser à ça. Il ne faut pas que je reste là. Je ne sais pas pourquoi. Je ne sais même pas pourquoi je lui ai laissé mon numéro, griffonné sur un bout de papier glissé dans sa main, ce jour là. Je me surprend souvent à me demander si elle va appeler et comment, dans ce cas là, je réagirai. Mais il ne sert à rien de se poser ce genre de question, de se questionner avec des si et comment. Je n'ai aucune idée de mes raisons de ce jour là et de l'avenir qui m'attend. Je ne sais rien et je ne m'en inquiète pas. Mon attention se fixe une dernière fois sur la porte blanche puis je secoue la tête et me remet en marche, il faut bien je me décide à rentrer.
Code by Fremione.