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 on restera les divisions de la joie + (søren & svend)

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Svend Sigvardt

Svend Sigvardt
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date d'inscription : 23/04/2014
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étude/emploi : pharmacien.
ton conte préféré : aucun, tout ça c'est pour les enfants.
MessageSujet: on restera les divisions de la joie + (søren & svend)   on restera les divisions de la joie + (søren & svend) EmptyVen 2 Mai - 17:42


“(...) AND WHEN ONE OF THEM MEETS THE OTHER HALF, THE ACTUAL HALF OF HIMSELF, WHETHER HE BE A LOVER OF YOUTH OR A LOVER OF ANOTHER SORT, THE PAIR ARE LOST IN AN AMAZEMENT OF LOVE AND FRIENDSHIP AND INTIMACY AND ONE WILL NOT BE OUT OF THE OTHER'S SIGHT, AS I MAY SAY, EVEN FOR A MOMENT...”
Trempé. Il était complètement trempé. Et en plus d'avoir les cheveux imbibés d'eau, il était aussi le seul dans cette aubette de bus à avoir l'air à ce point ridicule, tordant son écharpe comme une éponge sous le regard amusé d'une petite vieille qui lui montrait avec fierté son capuchon transparent. Un parapluie n'était pourtant pas une dépense très importante, ce n'était pas un accessoire spécialement moche non plus, il pouvait même être très classe quand bien accordé à une veste d'extérieur, mais Svend oubliait à chaque fois qu'il était temps d'y songer. Chaque fois qu'il pleuvait, il se souvenait qu'il n'en avait pas, bien entendu il était toujours trop tard pour courir en trouver un, et quand bien même il trouvait le moment il n'y avait aucun assortiment qui lui plaisait. Trop fantaisistes, trop sobres, trop pas-Svend en gros. Il affrontait donc les trombes d'eau avec ce mémo pour lui-même, comme une note sur le frigo qu'on voit tous les jours mais dont on oublie à force l'existence. Et ce depuis des années, toujours à s'insulter à voix basse quand le grognement des nuages commençait à résonner dans la ville et qu'il voyait, impuissant, la foule rabattre ostensiblement leurs capuches sur la tête ou sortir de leur sac un parapluie qu'ils ouvraient avec un brin de fierté qu'on lisait dans leurs mains. Et oui, eux au moins ils n'avaient pas oublié. Eux au moins rentreraient chez eux les vêtements secs. Svend devait avoir un problème avec la pluie, peut-être qu'il l'aimait trop d'une certaine façon et que la perspective d'attraper un rhume ne l'ennuyait pas vraiment, qu'il ne voulait pas se protéger de cette eau qui lui tombait dessus sans méchanceté. Loin d'être un philosophe dans l'âme -même très loin-, la pluie était l'unique chose qui pouvait l'amener à penser pendant des heures, la contemplant parfois derrière une vitre ou exigeant le silence dans la chambre pour l'entendre fondre depuis le ciel et taper contre les tuiles du toit. Elle l'inspirait, il la redécouvrait à chaque fois et ne s'énervait jamais contre elle, qu'importe combien de sorties elle avait condamnée à annuler, qu'importe si elle rendait grise leur belle ville, Svend l'appréciait. Même s'il savait pertinemment que dans quelques instants il entendrait Søren lui dire qu'il était quand même stupide de ne pas se couvrir. La faute à ce bus aussi qui se fait attendre.
Passant un coup d’œil sur la route noyée de voitures et de trombes d'eau, Svend soupira en ne distinguant aucun phare du transport qui était supposé l’amener dans quelques minutes seulement au Odense Teater. Il n'était nullement inquiet pour un rendez-vous avec heure tapante mais s'inquiétait davantage pour le colis qu'il portait et protégeait contre son torse que pour le rhume qui allait bientôt le rattraper. Svend venait de dénicher une pure merveille. Une caméra de 1919 qui avait servi dans la reconstitution de plans sur les champs de batailles de la Première Guerre Mondiale pour des documentaires sur la vie des soldats. Il y avait même une bobine encore dedans et une gravure qui spécifiait le corps d'armée dans lequel l'appareil avait servi. Tout simplement fabuleux. Et Svend se faisait déjà violence pour ne pas amener l'objet comme unique sujet de conversation de ce soir. S'il parvenait à ne pas en parler pendant de longues minutes à Søren ce serait son compagnon qui en entendrait les louanges ce soir, mais en tout cas ce serait l'un ou l'autre.
« D'accord, c'est mort. » Comprenant que les embouteillages n'allaient pas aider au bus à apparaître plus rapidement devant lui, Svend serra fortement contre lui l'appareil, passant inutilement un pan de sa veste pour le recouvrir et s’élança hors de l'aubette de bus, filant à toute vitesse entre les différents passants qui manquèrent plusieurs fois de l'éborgner avec leurs parapluies. Le théâtre n'était pas loin, au bout de cinq minutes de marche il y parvint, dégoulinant de toute part comme si on venait de le jeter dans un lac et haletant de ce petit pas de course qu'il avait réussi à maintenir de manière plus au moins constante. En ouvrant la porte du hall d'entrée, il fut frappé par ce lieu qu'il connaissait désormais si bien.

Chaud, accueillant, silencieux. Le théâtre n'était pas une grande passion dans la vie du pharmacien, pour tout dire il pouvait même s'en passer sans en ressentir le manque, au contraire de son thé par exemple. Mais à chaque fois que Søren montait une pièce, Svend faisait tout pour venir voir une de ses représentations. Une fois il était même parti en voyage en Norvège et était revenu in-extremis pour voir le travail de son ami, sentant encore la øl qu'il avait bu à l'hôtel au moment où son téléphone lui avait rappelé que c'était le dernier jour pour la pièce. Un des plus grandes courses de sa vie. La majorité d'entre elle avaient pour nom celui de son ami en réalité. Quelque part c'était quelque chose qui lui était inconcevable, de ne pas jeter un œil à l'univers de Søren, à ce qu'il voyait et voulait donner au spectateur. Mais ce soir il n'y avait pas de représentation, Svend ne croisait aucun acteur tandis qu'il se dirigeait naturellement vers les coulisses, s'ébouriffant au passage les cheveux pour laisser une traînée de gouttelettes derrière lui qui trahissaient sa présence. Il n'avait jamais très bien su s'il était autorisé à débarquer ainsi sans autorisation particulière, mais en revanche il avait retenu que non, il ne pouvait pas apporter un repas du fast-food du coin à son meilleur ami pour manger sur les fauteuils du théâtre.
Arrivant du côté où s'entassaient des décors et accessoires divers et variés, Svend tendit l'oreille pour voir si Søren travaillait encore derrière les rideaux, à lancer des indications à ses comédiens ou a les écouter dans une énième déclamation. Mais rien, le silence. Juste le claquement d'une porte au loin de temps à autre ou le grésillement d'une lampe trop longtemps allumée. « Søren ? » dit-il à voix basse en passant la tête dans une petite pièce allumée qui rassemblait plusieurs divans, chaises, sacs et vestes dont les propriétaires devaient donc traîner dans le coin. Sortant vers la salle, se demandant avec amusement s'il ne trouverait pas son ami endormi sur un siège, seul dans ce grand théâtre, Svend entendit un bruit du côté technique et le vit.

Perché dans ce fouillis métallique qui n'inspirait pas du tout confiance quand on se trouvait sur les planches. Tous ces fils, ces poulies, grosses lampes et poutres qui ne tenaient que par le savoir d'un technicien qui pouvait très bien avoir commis une erreur dans son travail, avoir eu une matinée difficile le jour où il serra les boulons de sécurité, comme tout monde peut le faire. Svend le savait bien d'ailleurs, mais il ne voulait pas y penser, ce n'était pas pour rien qu'il avait acheté cet appareil qui lui encombrait les mains et qu'il était venu voir son ami, il avait besoin de se changer les idées. « SØREN ! C'est bien toi ? Tu joues au singe là-haut ? » Et naïvement, stupidement ou peut-être -mais alors vraiment peut-être- vaillamment, Svend rééquilibra la boîte sous son bras et attrapa l'échelle pour grimper sur les échafaudages.
D'en bas, cela avait l'air simple. Quelques étranges passages où il faudrait se contorsionner certes, mais ce n'était pas un monstre métallique impossible à grimper, cela n'avait rien d'une montagne. Pourtant, passer le deuxième échelon, Svend s'autorisa à pousser un soupir qu'il tenta de dissimuler comme un rire qui au final devrait être assez effrayant. Il manqua de s'étrangler avec un câble qui pendait trop près des marches à son goût, glissa sur une plateforme à cause de ses chaussures trempées et s'accorda des pauses pour bien reprendre en main son colis, s'offrant ainsi un redémarrage plus difficile. Son souffle se mourrait à chaque bras tendu pour avancer, à chaque enjambée un peu trop périlleuse pour un détenteur de poumons aussi enfumés que les siens. Il devait arrêter, il le savait bien. On le lui disait sans arrêt, il se le répétait aussi. Mais un peu à l'image du parapluie, Svend gardait cette sale habitude de la cigarette qui était un doux poison. « Søren, je crois... je crois que je vais crever un instant ici et... et puis... et puis je te rejoins... » dit-il en essayant à la fois de soupirer, crier, inspirer et expirer ce qui lui donnait l'air d'une réplique ratée de Darth Vader. Il avait l'impression que sa vision lui jouait des tours, il avait mal à la tête, son cerveau étant mal irrigué. « Tu sais qu'il y a de supers promotions à la pharmacie sur les patchs de nicotine ? Faudrait que j'en achète. » dit-il davantage pour lui-même que pour son ami, l'esprit flou et commençant à hésiter.
Mais il se releva après seulement quelques secondes de pause, atteignant péniblement la dernière plateforme où se trouvait Søren. La douleur brûlante dans son torse ne l'empêchait pas de sourire, une lueur d'amusement dans les yeux et encore incapable de parler, ravalant sa salive qui ressemblait à l'instant à de l'acide et il manqua de s'effondrer d'un air dramatique qui ferait grimacer son ami devant son piètre talent de comédien. Mais si pour voir Søren et lui lancer un regard suspicieux en distinguant à présent qu'il ne semblait pas être en très grande forme, Svend était d'accord de gravir encore ces échelons. Il était d'accord pour tout quand il s'agissait de son meilleur ami, son frère, son tout. Celui qu'il regardait désormais en fronçant les sourcils, la bouche entrouverte pour récupérer de l'air et montrant d'une main faible qu'il le trouvait un peu maigre et fatigué et qu'il lui demandait, en silence, sans mot, car ce n'était pas nécessaire, s'il allait bien. S'il y avait un problème.


Dernière édition par Svend Sigvardt le Dim 18 Mai - 5:05, édité 6 fois
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Søren Larsen
★ les fleurs de la petite ida

Søren Larsen
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MessageSujet: Re: on restera les divisions de la joie + (søren & svend)   on restera les divisions de la joie + (søren & svend) EmptyVen 2 Mai - 23:23



   
   
   


« STOP. Stop. Tu ... arrêtes tout de suite avant de me massacrer le reste de ton personnage. » Il est chiant aujourd'hui, plus que d'habitude. A vrai dire, il sait pas vraiment pourquoi, peut-être qu'il s'est levé du mauvais pied, peut-être que ses bouclettes ne tombent pas correctement sur sa tête, peut-être beaucoup de choses en fin de compte. Ce que tout le monde sait, c'est que Søren veut emmerder le monde en ce jour, et surtout ses comédiens. Les bras croisés sur le torse, il fixe d'un air difficile Anita, celle qui est censée interpréter à la perfection une bourgeoise suffisante. Pourtant, aujourd'hui elle est pas pareille, elle pue la demoiselle qui surjoue pour se donner bonne impression. Elle est pas bien. Rien n'est bon aujourd'hui. Il passe une main fébrile sur son front, le massant un petit peu alors que ses yeux se rivent sur sa montre. C'est déjà l'heure de partir. Anita reste sans bouger avec ses longs cheveux blonds qui tombent sur son dos. Elle y comprend rien. Quand Søren a décidé de gueuler, on sait jamais pourquoi, c'est juste une pulsion, une envie ou au contraire, une réflexion mûrement réfléchie et abordée durant sa nuit. « Bon, écoute. Pour la prochaine fois tu m'bosses mieux ça, j'ai pas besoin que tu t'la joues cantatrice à beugler et dégueuler tes paroles. Naturel, tu vois où j'veux en venir ? » Elle hoche la tête. Il est pas vraiment convaincu par ce petit oui timide, il en est même pas du tout. Personne comprend Søren quand il a les nerfs à vif, personne cherche vraiment à savoir pourquoi. C'est tout juste s'il sait sourire en ce jour, il est juste à bout et crevé, il est juste dans sa saturation du mois - ou de l'année. Un silence s'installe, il n'a plus qu'à dire le mot magique pour qu'ils partent, personne ne respire, si bien qu'il peut entendre la pluie qui s'éclate en trombe sur l'immense plafond qui n'en finit jamais. D'un mouvement de tête, il donne le départ aux adieux du soir - après tout qui sait ce que la soirée peut réserver à monsieur ou madame comédie. Il ne suffit que de quelques minutes, que de paroles murmurées pour que la salle finisse vide. Le metteur en scène s'affale tel un sac dans un siège et laisse tomber sa tête en arrière. Il s'en veut presque, Søren est trop perfectionniste, Søren est trop ceci ou trop cela, mais jamais dans le milieu qu'il faut. C'est ça qui va pas chez lui, pourtant c'est ça qui fait sa force. Abordant un sourire en coin de lèvres, il relativise en laissant ses pensées divaguer vers de lointaines représentations. Un franc succès. Il se souvient des applaudissements, de la joie très peu voilée de son équipe, du sourire étalé jusqu'à ses oreilles, une sensation qu'il n'oublie pas, qu'il n'oublie plus et qu'il garde au fond de son coeur dans ces moments comme ceux-là. Quand il en a marre. Quand il veut déglinguer la tête de celle qui définitivement, au bout de plusieurs heures de répétition ne veut pas faire d'efforts. Il le supporte pas, il aime pas, il saurait pas dire pourquoi. Sûrement à cause de sa névrosée de mère et son délire de perfection, sa manie de perfectionnisme qu'il a dans le sang depuis qu'il sait marcher. Inspirant longuement, il a encore du mal à visualiser. C'est brouillon dans sa tête, comme une question de dissertation dont il ne comprend pas le sens. Les acteurs il a, les décors c'est pas encore ça. Søren va encore passer un temps fou entre ces murs, encore foutre un peu en l'air sa vie à s'imaginer diverses façons de poser une chaise. Oui, Søren va encore une fois gâcher sa soirée.

La clope c'est définitivement pas bon pour lui. C'est à cause de Svend ça. Il est loin du paquet qu'il peut s'enfiler à la minute, mais il sent un peu de changement, ses poumons qui fatiguent légèrement à la montée de ces énormes échelles. Souvent quand il fait ce parcours du combattant, il s'imagine qu'il va un jour pouvoir frôler la lune, s'endormir en son creux et ne plus jamais retomber dans ce monde laid à mourir. Plus jeune, il voulait un jour saluer les étoiles, ne plus jamais s'embêter à rêver les yeux fermés. Au moins, le théâtre a le mérite de le faire s'échapper quelques minutes de la fatalité qui lui colle à la peau comme la peste. Des détails. Des bêtises. Malgré tout, il reste un névrosé comme un autre, un timbré parmi les timbrés. Lui c'était se foutre le doigt dans la bouche, Svend lui c'est vouloir se crever à la nicotine, quant à d'autres ? Ceux qui se vident des bouteilles à la chaîne, ceux passent des nuits à pleurer, ceux qui font du mal consciemment ou pas. Ceux-là. Les hommes. Ce qu'il est. Et la folie de ce qu'il est, il aime la regarder de haut. Inspirant longuement, il croise ses bras sur la rambarde en fer et profite du paysage en bois dont il est spectateur. C'est rien, pas beaucoup, Søren se contente de ce qu'il a, suffit à se combler de bonheur d'un peu et que tout est possible ou presque. Un idéaliste comme un autre, qui pourtant, d'un rien peut basculer vers de noirs abysses. Il le sent qu'il est pas très fort, qu'il est même maigrichon, ses joues sont un peu creusées, pas jusqu'à l'extrême, il a pas encore la peau sur les os, n'arrive pas des masses à dormir. Pourtant, Søren il va bien. Il serait mal qu'il se serait jeté du palier des lumières pour mieux se ramasser sur la scène. Il est aux anges. Il va bien. Plus que bien, très bien, trop bien. Si bien qu'il imagine ce que son idée pourrait donner sur ce parquet. Oui c'est joli, c'est mystique, sombre et révélateur à la fois. Des teintes bleutées, le froid de la neige, les gloussements des riches s'amusant d'une pauvresse, une candide créature cherchant de quoi vivre pour ne pas se faire battre en rentrant chez elle. Il voit la rue, les frissons que pourrait lui filer la neige sur la peau, la tristesse qu'il pourrait voir à travers une flamme. Celle d'une allumette, un petit bout de bois qui meurt vite, éphémère. C'est ça le coeur de la petite fille aux allumettes. C'est éphémère, comme l'allumette, comme elle, comme tout. « ...Tu joues au singe là-haut ? » Une voix qui l'arrache de ses pensées, il en redresse la tête et cherche ce timbre de voix cassé par la fumée d'un bâton de cancer. Les bruits de pas sont répétitifs et à la fois maladroits, c'est assez fou les habitudes qui ne changent jamais. Une démarche à la fois classieuse et aussi gracieuse qu'un canard boiteux, il se doute de cet espèce de dingue qui a passé son temps sous la pluie, il a un prénom en tête, pas la peine de chercher bien loin après tout. Cette respiration saccadée lui rappelant une locomotive au démarrage, un rire aussi martelé qu'une épée travaillée par un forgeron. Svend. Un sourire plus que crétin se pose sur son visage, il n'arrive pas aussi bien à voir que ça, il voudrait pouvoir admirer la scène autant qu'il le peut. En temps normal - du moins du plus loin qu'il se souvienne -, Svend ne se donne pas autant de mal sauf quand quelque chose en vaut la peine. C'est en repensant à ça, qu'il sent un peu d'égo lui traverser le corps, celui-ci file aussi vite qu'il est venu en admirant l'espèce de tas de peaux qui est loin de lui faire face. Nom d'un chien il va lui claquer entre les mains et dégouliner à travers la ferraille, une chance qu'il n'ait pas encore trébuché sur un fil. Søren évite de se marrer comme le dernier des idiots, il fout tout ça au plus profond de lui. Question de respect. « Søren, je crois... je crois que je vais crever un instant ici et... et puis... et puis je te rejoins... » Il ne va pas tenir bien longtemps avant de partir dans une franche poilade. Le pharmacien a toujours eu cette particularité de lui donner inconsciemment une petite tape sur la tête pour lui faire oublier ses emmerdes. Svend, c'est un genre de magicien des temps modernes, le metteur en scène sait  pas son secret, mais un jour qui sait il lui dira comment il fait pour savoir comment lui faire montrer ses dents. Il n'ose rien dire, sous peine de lâcher tout l'air qu'il a dans l'estomac pour s'engager dans une grande hilarité. Il le dit depuis toujours, il va vraiment finir par en claquer, c'est d'ailleurs même étonnant qu'il n'ait pas encore de cancer des poumons - ou qu'on n'ait pas encore découvert que ses poumons soient ensevelis sous une tonne de goudron. « Tu sais qu'il y a de supers promotions à la pharmacie sur les patchs de nicotine ? Faudrait que j'en achète. » A la place, c'est un petit éclat qui lui échappe alors que celui qu'il aurait voulu comme frère se rapproche. En plus de ça, il est trempé. C'est à croire que définitivement, ce jour est pour lui, que son karma lui en veut et que toute sa chance de ces derniers jours lui est retombé en pleine figure. Haussant les épaules d'un air enfantin, bien vite il ne peut s'empêcher de déchanter. Ce froncement de sourcils il saurait le reconnaître entre milles, encore plus que le couinement de ses godasses neuves. C'est pas bon pour lui, Svend remarque les choses, bien plus que lui. Il est pas perfectionniste, il fait juste attention - peut-être parfois un peu trop, mais c'est ça qui a sauvé sa carcasse à l'époque, Svend avait fait gaffe et avait fini par découvrir cette moche vérité qu'il tentait de cacher. Pas besoin de parler, suffit d'un geste, d'un mouvement pour qu'il comprenne. Y'a un hic quelque part, d'un côté comme de l'autre.

Il détourne un peu le regarde, cherche un angle d'attaque pour ne pas qu'il s'attarde sur son cas. Après tout, c'est pas si grave, il a perdu un peu de poids, mais y'a pas encore mort d'homme. Sans surprise, il découvre sous les bras de l'autre tête brune un carton assez conséquent. Søren pourrait se la jouer curieux, lui demander des questions abracadabrantesques pour savoir ce qu'il y a dedans. Mais, il sait déjà. Un appareil photo, ou encore des vieilles photos, ou qui sait encore ? Svend regorge de surprises, bien qu'au fil des pages tournantes, il a fini par savoir ses réactions, ses mimiques et ses pensées les plus profondes qu'il ne montre que par des tics nerveux. « C'est plutôt moi qui devrais te r'garder comme ça. » Qu'il dit en penchant un peu la tête sur le côté. C'est la bonne manière d'éviter le sujet qui fâche ou qui, dans leur cas, peut faire très mal. Il aime pas quand il s'inquiète, il déteste quand il ose se rendre malade pour lui et quand il a droit à ses fameuses morales. Svend, il a pas le droit de se rendre aussi mal que lui, après tout, si y'a un fautif dans cette histoire, c'est bien lui. A force se plonger dans le boulot, il a fini par oublier de vivre dans sa totalité, bien que parfois il daigne mettre un pied hors de son jardin secret pour aborder une conversation avec n'importe qui. Surtout Rikke. Il doit pas en parler, pas lui dire qu'il l'a vu y'a même pas deux jours à l'hôpital, qu'il lui a causé comme il aurait jamais osé le faire en temps normal. Son frère par adoption ne la supporte pas, il saurait pas dire pourquoi mais tout comme son teint de vampire, le beau minois de la brune ne lui revient pas. « Puis, tu m'excuseras Svend, mais pour toi les patchs ça marche plus. A ce stade, faudrait t'envoyer en cure de desintox, j'suis même étonné que ton cher et tendre l'ait pas encore fait. » Un pas, deux pas, il s'approche, zieute de gauche à droite comme un bambin qui va balancer un énorme secret, puis marmonne. « Entre nous, j'aimerais pas qu'tu t'étouffes dans mes bras après avoir si vaillamment vaincu la montagne de fer. » Ça lui fait du bien de le voir, d'avoir devant lui des prunelles profondes dont il ne se lasse pratiquement jamais. Il voudrait bien lui mettre une sublime tape dans le dos en signe de mauvaise blague, il ose pourtant pas, il a peur qu'il recrache ses tripes, son coeur, ses poumons, tout ce qu'il a en lui à cause de la cigarette. Un ignoble tableau qu'il chasse au plus vite de ses pensées, pinçant sa lèvre inférieure une énième fois Søren insiste délibérément sur le paquet qui a survécu tant bien que mal à cette averse. « Quel modèle ? » Pas besoin de voir, ni même d'avoir des rayons dans les yeux pour se douter de ce qu'il a. C'est peut-être pas bon de connaître aussi bien une personne, ça le rendra dingue un de ces jours, pourtant l'un vaut pas mieux que l'autre. Sa petite voix lui répète que essayer de feindre son regard accusateur ne sert à rien, qu'il poussera le bouchon assez loin pour qu'il lui souffle de manière honteuse que sa balance cherche à la rendre plus gringalet qu'il ne l'est. Il le sait, vouloir lui échapper c'est lui tomber dessus comme dans un labyrinthe, on échappe jamais à Svend, surtout quand celui-ci ne vous lâche pas avant d'avoir eu réponse à son interrogation. Pourtant, il va bien, ils vont bien.
Et tout va au mieux dans le meilleur des mondes.
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